L’appel de la campagne

Rectory Hill sous la neige
Rectory Hill sous la neige

Je suis d’une espèce mi-urbaine, mi-rurale. Née à Montréal, j’ai grandi en banlieue et dès l’âge de 12 ans, j’ai passé mes vacances d’été (et d’hiver jusqu’à l’âge de 16 ans) à la campagne, au chalet de mes parents à St-Côme dans Lanaudière.
Je ne me rappelle donc pas avoir passé une année entière sans être allée plusieurs jours à la campagne. C’est rapidement devenu plus qu’un mode de vie, mais une nécessité.

À l’opposé, lorsque j’ai acheté Rectory Hill et y ai déménagé mes pénates avec mon fils de 5 ans à l’époque, j’allais au moins une fois par mois en ville pour voir ma famille et mes amis. C’était il y a 20 ans. Je m’étais installée à temps plein à la campagne et j’y suis restée jusqu’en 2006 avant de retourner vivre à Montréal.
En ville j’ai loué un modeste appartement et j’ai gardé ma maison d’Inverness. Je n’en avais pas vraiment les moyens, et j’ai fait beaucoup de sacrifices pour la garder, mais c’était pour moi une nécessité. D’autant plus qu’entre temps, mes parents avaient vendu le chalet. Ma maison de campagne, c’était tout ce qui me permettait de m’évader hors de la ville dorénavant. Oui, je suis définitivement un animal mi-urbain-mi-rural.
Aujourd’hui, je suis bien installée à Montréal et de mieux en mieux installée dans mon vieux presbytère. Ma vie se divise entre ces deux univers depuis maintenant 14 ans.

Je dois dire que je mène une vie un peu schizophrène. Toujours dans mes valises, ma vie se divise en deux durant la saison estivale: 5 jours à un endroit, 2 jours à l’autre. Ça fait beaucoup de déplacements, et ça oblige à avoir à peu près tout en double: produits nettoyants, papier de toilette, bouffe, vaisselle, meubles, etc… Il faut aussi savoir gérer le contenu des frigidaires. Qu’est-ce que je laisse, qu’est-ce que j’apporte. Le lait sera-t-il encore bon à mon retour? Je ne dois pas oublier de rapporter du café. L’utilisation de listes est alors un incontournable.

Durant l’hiver, je ferme la maison d’Inverness et je me pose pour quelques semaines. Quand je n’en peux plus de la ville, je peux toujours aller passer un weekend chez mon amie Annie, qui depuis sa retraite, vit à temps plein dans le rang 8, dans une jolie maison ancienne qu’elle a merveilleusement décorée et qui est accueillante comme tout.

Cette vie peut sembler folle pour la majorité d’entre vous. Pour moi, c’est la seule que je connaisse, et je crois que c’est plutôt la sédentarité qui me rendrait folle. Après quelques jours en ville, le stress me gagne: le bruit, la vitesse, le manque d’espace, l’asphalte partout, la saleté. En revanche, trop longtemps à la campagne et c’est la solitude qui me pèse….


Ces lignes je les ai écrites en 2020, la dernière entrée remontant au 12 mars 2020. Au moment même où tout s’arrêtait en raison de la pandémie.

Dès que les mesures se sont mises en place, j’ai couru me réfugier à la campagne. Ma famille m’a suivie. Fils et sa blonde, frère et belle-sœur, neveu. On s’est créé une bulle à 6 dès le départ et on a passé du très bon temps en famille durant les premiers mois. On ne voyait personne d’autre sauf lorsque nous faisions les courses, masqués évidemment. Certains étudiaient, d’autres travaillaient. Rendu à l’été, perte d’emploi et fin de session plus tard, on s’est inscrits à la PCU et on a fait pleins de travaux de nettoyage, de consolidation et d’aménagement sur le terrain et les bâtiments. Disons que nous avons assez bien traversé la première vague. Nos vieux parents étant décédés en 2018 et 2019, plus rien ne nous retenait à Montréal.

Aujourd’hui le 17 janvier 2022, je suis toujours là et j’ai l’intention d’y rester. La solitude? L’ennui? pas du tout! Je vois des gens tout le temps, souvent les mêmes personnes, pandémie oblige, et franchement, j’apprécie mes moments seule. Et maintenant que j’ai un chien, ces moments sont encore plus rares et appréciés. Un jeune chien demande beaucoup d’attention!

J’ai la chance aujourd’hui de posséder un triplex à Montréal, dans un des quartiers les plus hot en ce moment, Rosemont-Petite-Patrie. Je vais louer mon appartement du rez-de-chaussée en ville, locations court et moyen terme, pour me garder l’opportunité de revenir, si jamais… et parce que je veux y laisser mes meubles. Ces revenus de location me fourniront la base (hypothèques, taxes, assurances, etc.) et je pourrai ainsi me permettre une baisse de salaire. Je suis réaliste, je sais que je ne gagnerai pas le même salaire en demeurant à Inverness. Et je n’y tiens pas. Ce qui compte maintenant c’est de ne faire que des choses que j’aime et de les faire pour moi. En venant vivre à la campagne, je veux modifier totalement mon mode de vie antérieur. Pas de travail de bureau, pas de 9 à 5, pas de déplacements deux fois par jour pour aller et revenir du travail.

Je sais aussi que le temps est venu pour moi de faire fructifier mon patrimoine. J’ai beaucoup travaillé dans ma vie et j’ai beaucoup accumulé. Je suis propriétaire de deux résidences, l’une patrimoniale et l’autre à revenus qui prend beaucoup de valeur, surtout dans la dernière année. La première quant à elle nécessite beaucoup de travaux de restauration mais une bonne partie, je dirais 50%, est complété, incluant la cuisine et les deux salles de bain. Elle me rapporte jusqu’à présent grâce à des locations sur Airbnb. Mais celles-ci devront cesser quand je louerai Montréal. Je traiterai dans un prochain article de la façon dont je vais m’y prendre pour faire fructifier mes acquis et développer un projet.

C’est ainsi que je me retrouve face à un nouveau départ dans ma vie. Ou plutôt une certaine continuité puisque rien n’est totalement nouveau. Je ne fais que réorienter mes énergies vers le Domaine Rectory Hill que j’avais laissé sur la voie de service depuis quelques années. Je mets, cette fois, Montréal en dormance. L’urbaine est redevenue rurale.

 

1 thought on “L’appel de la campagne

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