Voici de nouvelles cartes postales que j’ai mises en ligne sur Etsy. De la collection Valentine’s Postcards, elles sont signées par l’artiste George E. Studdy (1878-1948), un dessinateur britannique qui créa le célèbre petit chien Bonzo au début des années ’20 pour le magazine The Sketch.
Celle qui est représentée ci-haut date du 6 juin 1935 et montre Bonzo au volant d’une voiture typique de cette période (les années ’30). L’illustration est magnifique, avec de vibrantes couleurs de jaune, rouge et vert. G.E. Studdy aimait dessiner les voitures et une de ses premières contributions en tant qu’artiste pour la compagnie Valentine’s Postcards fut une série de 6 illustrations intitulée “The Evolution of the Motor Car”. Son personnage de Bonzo est souvent représenté au volant ou près d’une voiture. Bien sûr, ces illustrations sont intéressantes notamment en raison de l’élégance des voitures de cette époque. Le siège sur lequel est assis Bonzo est en velour capitonné vert émeraude. On ne trouve plus ce type de sièges dans les voitures modernes, sauf peut-être dans quelques modèles luxueux.
Voici donc ce qu’Ethel écrivait à sa mère en ce 6 juin 1935:
“We went for a lovely long drive last night and all felt better for it. Ruth went with us. Today is our school tea at Eaton’s: it is sort of dull, but hope it does not rain. Will see you tomorrow & gee… will I be glad? Don’t work too hard. Love, Ethel.”
À cette époque, l’été, Mme Dickson habitait à Rectory Hill et ses filles, à Montréal. Bien que Mme Dickson s’appelait Ruth, l’autre Ruth dont il est question dans ce texte fait référence à l’autre fille de Mme Dickson et soeur d’Ethel, Eva Muriel Ruth (née en 1898). Les deux soeurs (avec leurs conjoints?) étaient allés faire une longue promenade en voiture la veille. Ce genre de sorties en voiture, sans but précis, devaient être fréquents chez les gens qui avaient la chance de posséder une voiture. À l’époque, la possession d’un tel bien était chose assez rare, et il fallait être à l’aise financièrement pour avoir cette chance. N’oublions pas non plus que la crise financière de 1929 avait durement touché tout le monde. Les filles Dickson avaient donc beaucoup de chance de posséder une voiture, et elles en profitaient.
D’autant plus que pour pouvoir visiter leur mère à Rectory Hill les week-end, à 225 km de Montréal, la voiture leur était fort utile. Et il semble qu’elles anticipaient avec plaisir ces escapades à la campagne. Remarquez, je les comprends! Comme elles, je trépigne d’impatience à chaque fois que je me trouve à Montréal, là ou j’habite pourtant. Mon plus grand plaisir est de passer l’été à Rectory Hill, c’est comme être au paradis. Voyez par vous-même:
La carte suivante de Valentine’s Postcard représente aussi le petit chien Bonzo, mais cette fois celui-ci se trouve dans ce qui semble être la loge d’une quelconque diva. De cette dernière, on ne voit que ses jambes, elle est assise à sa coiffeuse et remonte un de ses bas. Notre pauvre Bonzo lui tourne le dos, ferme les yeux et dit: “I’ll be looking your way soon!”
Cette fois nous sommes en septembre 1935. Ethel, toujours à Montréal, écrit à sa mère à Rectory Hill. Voici ce qu’elle lui dit:
“I wonder if you are having a storm tonight? We are threatened with one; there is a lot of lightening. I got my (yarn? gun?) last night so we’ll have it with us this week-end. Was not today gloriously warm? I thought of you often. John, Eva, Gladys and I had tea at the “White Circle” and went to Laval sur le Lac for a drive. Lovely trip. Will see you soon. Loads of love. Ethel.”
Je ne suis pas certaine si elle parle d’apporter du tissus (yarn) ou un fusil (gun) au prochain week-end. Les deux seraient possible. Je sais notamment, d’après les objets que j’ai trouvés sur les lieux, que Mme Dickson et ses filles aimaient bien la couture. Mais j’ai également retrouvé des cibles en papier utilisées pour le tir au fusil. Serait-ce que cette activité était pratiquées par les filles Dickson et leur mère à Rectory Hill? Possible.
Là encore, les trois soeurs et John (probablement John Cruikshank, le mari d’Ethel) sont allés se promener en voiture. Cette fois-ci, elle précise qu’ils sont allés à Laval sur le Lac, au nord de Montréal. Cette municipalité, à l’époque, était très rurale, on n’y trouvait que des terres agricoles. C’était un peu comme aller dans les Laurentides pour les gens de l’époque. Belle promenade “in deed”!